Guillaume Villeneuve, traducteur
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Guetteur d’étoiles

samedi 13 janvier 2007, par Guillaume Villeneuve


Il y a quarante-deux ans (pour moi sinon pour autrui
Le chiffre a quelque valeur) les étoiles brillaient dans la nuit
Et le train de l’ouest était vide, sans couloir ;
Aussi courant d’un bord à l’autre pouvais-je saisir l’aspect
Neuf de ces trous brillants, presque intolérablement,
Percés dans le ciel, qui m’exaltaient en partie par
Leurs noms latins, en partie parce que j’avais lu dans les manuels
À quelle grande distance ils étaient, on disait que la lumière
Les avait quittés (certains du moins) longtemps avant que je sois.
 
Et songeant à cela, à cette heure, je note que la lumière
Qui partait de certains, du moins en ce temps-là,
Il y a quarante deux ans, n’arrivera jamais à temps
Pour que je la saisisse, et quand elle sera
Vraiment là, cette lumière pourrait trouver
Qu’il ne reste plus personne
Pour courir d’un bord à l’autre d’un train de nuit
À l’admirer en supputant l’infini.

Star-Gazer, in Collected Poems (1961-1963), Londres, 1966 ; poème traduit à Shanghaï en 1985, recueilli dans l’Anthologie bilingue de la poésie anglaise, Gallimard, Paris, 2005


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